Le début de cette randonnée aux lacs du Siscarò emprunte le même chemin que la randonnée aux lacs de Juclar. Une ancienne piste empierrée mène au pont de Travenc, lieu de séparation des deux itinéraires.
Ce chemin en fond de vallée est assez humide car il reçoit les eaux d’écoulement des sources fontinales en bas de versant. En hiver il est fréquent qu’il soit glacé, des précautions sont donc à prendre. Dans ce cas un sentier sur le versant ensoleillé est accessible par une passerelle en bois.
L’opposition de versant est particulièrement marquée. Les pentes exposées au soleil sont couvertes d’une lande composées d’espèces supportant la sécheresse du sol et les variations brutales de températures. Au printemps les buissons de genêt purgatif sont couverts de petites fleurs jaune intense ce qui crée un contraste saisissant avec le versant à l’ombre où domine la forêt de pin à crochet et le rhododendron.
En empruntant le chemin empierré on longe le bas d’un versant exposé au nord recouvert d’une forêt assez claire de pins à crochets. Cette forêt a colonisé des éboulis de gros blocs de gneiss. On remarque de nombreux troncs en forme de « crosse » à leur base. Le jeune arbre encore souple à été couché par le poids de la neige qui glisse doucement dans la pente. Une fois plus âgé, le tronc plus rigide à pu se redresser pour chercher la lumière.
Le sous bois est constitué d’arbrisseaux (Rhododendron, Myrtille) préférants une abondante couverture neigeuse tout au long de l’hiver avec un déneigement assez tardif. Ces conditions sont favorables au rhododendron ferrugineux qui est très sensible aux gelées printanières. Les débris végétaux se sont accumulés entre les blocs des éboulis pour former un sol de pH acide riche en nutriments, ce qui favorise la présence d’espèces dites hygrosciaphiles (qui aiment l’eau et l’ombre). Cette formation végétale est commune dans les Pyrénées sur les versant en ubac ( ombrée), elle fait partie de l’alliance phytosociologique du Saxifrago geraniodis-Rhododendretum ferruginei.
Parmi les plantes caractéristiques de cette association végétale on peut observer :le rhododendron ferrugineux, la myrtille, la luzule des bois, le géranium des forêts, la petite pyrole, la renoncule à feuilles d »aconit, l’hépatique, la violette des bois, le prenanthe pourpre, des épervières ainsi que des fougères (gymnocarpium, fougère mâle, …).
Quelques espèces ont des propriétés particulières :
Le saxifrage faux géranium est une espèce endémique des Pyrénées centrales et orientales qui pousse dans les rochers et éboulis humides sur sol siliceux. Il donne son nom à cette formation végétale.
Il se reconnait assez facilement par ses feuilles visqueuses découpées en 3 à 7 lombes faisant penser à celles du géranium. Ces feuilles forment une touffe compacte, dominée de juin à aout par des inflorescences de fleurs blanches.
L’étymologie du genre saxifrage, qui signifie en latin « brise pierre » viendrait soit du fait que ces plantes poussent généralement dans les fentes des rochers soit qu’elles étaient jadis employées pour réduire les calculs rénaux.
La soldanelle des Alpes apparaît dès la fonte des neiges sur le bord des chemins ou sur les sous bois humides en montagne.
Ce qui est très étonnant chez cette plante, ce sont ses boutons floraux qui, à la fonte des neiges, percent la dernière pellicule de neige et déploient leurs corolles au niveau même de la neige. Les Soldanelles ont donc commencé leur croissance avant même que la neige qui les recouvre ait disparu. Ses tiges et ses feuilles de couleur foncée absorbent les rayonnements pénétrants du soleil. La petite plante accumule alors de la chaleur, qu’elle restitue dans son environnement immédiat : la neige fond tout autour d’elle. Lorsque la couche de neige devient plus mince, les hampes florales se redressent et croissent en direction de la lumière jusqu’à transpercer la croûte neigeuse. C’est une plante dite « à activité clandestine »
Elle fait partie de la famille des primevères. Cette belle petite fleur mauve est très fragile et résiste très mal aux manipulations, il n’est donc pas utile de les cueillir. Leur nom dérive du latin solidus, « sou », en référence à la forme de leurs feuilles arrondies comme des pièces de monnaie !
L’oxalis des bois est une petite plante vivace de 3 à 8 cm de hauteur, reconnaissable par ses feuilles trilobées en forme de coeur, pliées en leur milieu. Les fleurs blanches veinées de roses sont solitaires sur de longs pédoncules.
Elle est commune partout en Europe sauf dans la région méditerranéenne. Elle pousse dans des sols frais et humides, notamment dans des milieux forestiers (bois, sous-bois, …) dans des sols à pH acide.
Cette plante possède une propriété particulière : durant la nuit ou en cas de pluie, les feuilles et les fleurs se contractent.
L’oxalis des bois est parfois utilisé en cuisine pour son goût acidulé. A haute dose cette plante est néanmoins toxique (elle contient de l’acide oxalique). La récolte se faisait au moment de la floraison, vers le temps de Pâques, d’où lui vient le surnom d’Alleluia.
Espèce inscrite sur la liste rouge de la flore vasculaire de France métropolitaine.
Cet habitat présente un fort intérêt patrimonial du fait de la présence du Pin à crochet qui est une espèce présentant souvent un fort attrait paysager et par la diversité des espèces végétales et animales qui l’accompagnent.
Ainsi pour la faune patrimoniale d’intérêt communautaire on notera qu’on peut observer une avifaune exceptionnelle : le Grand tétras, le Merle à plastron, la Chouette de Tengmalm, le Pic noir, appartenant toutes à l’annexe I de la Directive oiseau, aussi bien qu’un cortège de passereaux d’altitude : Bec croisé des sapins, Venturon montagnard et Tarin des aulnes. C’est l’un des habitats des perdrix grises de montagne également pour les formations à faible densités d’arbres.
A l’intersection du chemin de Juclar, avant le pont du Travenc, dans une clairière vous pourrez remarquer des fils délimitant des carrés de mise en défens. Cette mise en défens empêche les animaux de brouter ou de pietinner l’espace délimité. On peut ainsi comparer la flore à l’intérieur et à l’extérieur du défens pour mesurer l’impact du pastoralisme.
Vous pourrez remarquer la différence de densité et de hauteur des plantes. Cette zone étant paturée lors des transhumances de bovins qui montent ou descendent des alpages herbacés situés plus en altitude.