Sur la rive droite, à l’opposé du chemin qui va du pont de la Baladosa au croisement du Travenc (qui indique la bifurcation vers le Siscaro), dans les pentes en soulanes du pic de Juclar se développe une formation végétale très particulière, originale aux Pyrénées orientales. Les landes oroméditerranéennes (de oro : montagne) avec les buissons arrondis de Genêt purgatif, hérissés d’une multitude de petites branches raides et les tapis denses du Genévrier nain associés au Raisin d’ours commun éliminent les espèces concurrentes par leur capacité de recouvrement. Ces landes constituent une association phytosociologique dénommée : Artcostaphyllo usa ursi – Cytisetum purgantis.
Cette formation végétale est exceptionnelle à cette altitude, c’est une végétation que l’on retrouve généralement dans les zones méditerranéennes aux étages montagnards et subalpins des Pyrénées orientales de900 à 1 600m sur les soulanes ensoleillées sur des éboulis siliceux à sol superficiels. Le genêt purgatif forme des buissons denses, peu pénétrables, d’aspect grisâtre, mais qui sont resplendissant au printemps par la profusion de petites fleurs jaunes. En dépit de son nom, son aptitude à purger n’est pas reconnue.
C’est une espèce qui est souvent désignée par plusieurs noms latins (Cytisus purgans, Genista purgans Sarothamnus purgans, Cytisus balansae) ce qui peut parfois créer des situations assez confuses pour les botanistes amateurs.
Quelques espèces spécialisées occupent ces zones arides desséchées par le rayonnement solaire et le vent : le lys de saint Bruno, le raisin d’ours, le séneçon à feuilles d’adonis, le chardon laineux, l’aconit de Napel, le Moloposperme du Péloponnèse, … Quelques rares graminées s’accommodent de ces conditions : Canche flexueuse, Houlque molle. Cette formation végétale est à cet endroit à son maximum d’altitude du fait des conditions de versant très particulières.
La hampe florale du lys de saint Bruno est haute de 20 à 60 cm. Elle porte de trois à dix grandes fleurs blanches toutes tournées plus ou moins du même côté. D’un blanc pur, cette fleur s’appelle également le lis de Savoie ou lis des Allobroges et son nom latin est Paradisiae liliastrum. Paradisea vient du comte Paradisi à qui a été dédié cette plante, saint-Bruno pour la chapelle de St-Bruno, dans le massif de la Grande Chartreuse où elle fut déterminé, Liliastrum de lilium = lis et suffixe « astrum » = un peu, pas tout à fait qui ressemble à un lis.
C’est une plante protégée, laissons là s’épanouir. Si l’on la ceuille le bulbe ne refleurit pas.
Reconnaissable par ses feuilles coriaces, persistantes, ovales, élargies vers l’extrémité le raisin d’ours est une espèce héliophile qui supporte les fortes sécheresses et se développe sur des sols très superficiels.
Les fruits rouges sont comestibles mais très amères et d’un goût farineux. Les feuilles étaient utilisées autrefois pour le tannage des peaux.
Autrefois, les baies étaient répandues sous l’action des ours, d’où son nom.
Marco Polo rapporta qu’au XIIIe siècle, les Chinois l’utilisaient comme diurétique pour soigner les reins et les problèmes urinaires.
Le séneçon à feuilles d’adonis est une plante caractéristique des sols siliceux du Massif central, des Pyrénées et de plusieurs massifs montagneux de la péninsule ibérique. Il y accompagne souvent le genêt purgatif.
Il est bien caractérisé par ses feuilles découpées en segments linéaires très étroits et ses fleurs en corymbe dense.
Cette plante est toxique comme la majorité des espèce de Séneçons. Peu consommé sur pied par les animaux en paturâge en raison de son amertume, le séneçon de Jacob, représente un grand danger lorsqu’il se retrouve séché dans le foin, car il contient des molécules hépatotoxiques.
L’asphodèle blanc est une plante pyrophyte, c’est à dire qui supporte le feu grâce à ses grosses racines charnues. Il dresse au printemps de hautes hampes garnies de fleurs étoilées, blanches, serrées les unes contre les autres.
Dans la Grèce antique, l’asphodèle blanc était associé au deuil et à la mort. Sa présence était censée faciliter le passage du mort vers l’elysium, paradis des héros défunts.
Les bergers essayaient de freiner l’extension de cette lande en pratiquant l’écobuage ; mais le Genêt purgatif repousse rapidement, se ressème facilement et réoccupe les pentes noircies par le feu. L’asphodèle blanc est comme la plupart de ces espèces pyrophytes une mauvaise compétitrice. C’est une espèce opportuniste capable d’envahir des terrains bouleversés en absence de compétiteurs agressifs. Le feu agit directement sur les biocénoses car il élimine en premier lieu la végétation arborée et arbustive dont la croissance est la plus lente et modifie la compétition interspécifique dans les peuplements végétaux et entre ces derniers. L’incendie détruit les plantes plus sensibles ou moins bien protégées et contribue au développement des pyrophytes adaptées aux milieux ouverts.
C’est en juillet-août, moment de la floraison, que le cirse laineux attire le regard du promeneur et révèle toute sa splendeur. La tige puissante peut atteindre 1,80m de haut. Les feuilles se succèdent en alternance sur la tige, elles sont découpées en lobes étroits et acérés ce qui renforce le potentiel défensif de la plante. Le capitule ressemble à une pelote à épingles, large de 4 à 7cm, couvert d’un revêtement laineux blanc argenté, comme des toiles d’araignée emmêlées. Ce revêtement en réseau joue certainement un rôle défensif ou dissuasif envers les petits herbivores tels que les chenilles afin de protéger les précieuses fleurs.
Le nom de genre, Cirsium, est dérivé du mot grec kirsos = varice ; un mot qui semble servir à identifier une plante utilisée pour traiter ce genre de maladie ; eriophorum : coussin en laine en rapport aux capitules «laineux».
La canche flexueuse, est une petite graminée vivace. Elle se développe en touffe ébouriffée et hirsute, offrant une floraison estivale lumineuse, qui forme comme un brouillard d’épillets ténus, d’un beige doré teintés de bronze.
Elle est caractéristique des Forêts des étages montagnard et subalpin inférieur de pin sylvestre ou de pin à crochets des soulanes sur sols acides et secs des versants méridionaux des Pyrénées et du val d’Aran. elle donne un foin dur et de mauvaise qualité ; c’est une espèce peu productive.
Dans l’Antiquité, le sisymbre officinal avait la réputation d’être un antidote contre tous les poisons, Pline l’Ancien dans son histoire naturelle lui accordait de nombreuses vertus. Craignant l’extinction de voix, les acteurs, orateurs et chanteurs la gardaient sous la main, d’où son ancien nom d’Erysimum (du grec eryô, « sauver », et oïmê, « récit, poème »). La plante est actuellement utilisée par voie orale (sirop) ou locale (pastille, collutoire, gargarisme) contre l’enrouement, comme expectorant et mucolytique contre les bronchites. Ses propriétés sont dues aux glucosinolates (hétérosides soufrés) qui provoquent, par action réflexe, une sécrétion des voies respiratoires supérieures.
Les successions dynamiques dans lesquelles s’inscrivent ces landes à genêts à l’étage subalpin sont successivement des éboulis, puis des pelouses à Fétuque gispet puis la lande à Raisin d’ours commun et Genêt purgatif et enfin très lentement la pineraie à Pin à crochets. Le Genêt purgatif s’installe rapidement dans les pelouses, sous les éboulis. La succession dynamique de cette lande vers un stade forestier est très lente du fait des conditions de sècheresse et de la nature des sols peu profonds et relativement acides.