La foret de pin à crochets en bas de versant

Cette forêt est située en bas d’un versant pendu exposé au nord. Les éboulis grossiers de gneiss on été progressivement colonisés par une rhodoraie et ensuite par une pinède de pins à crochets. Ces forêts constituent une des communautés végétales les plus fréquentes de l’étage subalpin des Pyrénées avec des variantes sèches et humides suivant l’exposition. Elles sont relictuelles de l’âge glaciaire.

Cette situation en ombrée de bas de versant favorisent les inversions thermiques : entre décembre et mars, en présence d’un anticyclone hivernal, il est fréquent que, pendant plusieurs jours, la température de l’air au fond des vallées demeure inférieure à sa valeur en altitude. Il peut même geler dans la vallée sous une couche brumeuse persistante, alors qu’au-dessus de 1800 m et sous un bel ensoleillement, pendant la mi-journée, les thermomètres indiquent des températures assez élevées. C’est pourquoi le chemin empierré qui longe cette forêts est très souvent recouvert de glace. 

Les gneiss ocellés de l’Hospitalet affleurent dans cette partie de la vallée d’Incles et s’étendent jusqu’à la limite NE de la frontière avec la France. C’est une roche métamorphique d’origine granitique ayant subi de fortes compressions et des températures élevées . Le degré de métamorphisme est suffisamment élevé, pour que l’on ne puisse plus discerner l’origine des matériaux. Ce gneiss est une roche de composition similaire à celle du granite, mais avec une texture plus hétérogène, avec des bandes marquées et les nodules typiques des porphyroclastes de feldspath potassique (ou ocelles, de l’ordre du centimètre).

gneiss ocellé, détail des cristaux métamorphisés

La matière organique produite par la décomposition des végétaux s’est progressivement accumulé entre les bloc favorisant un sous-bois avec des espèces recherchant l’abri de la lumière et se développant sur des sols riches en matière organique. Des suintement de sources sont présents ce qui donne des conditions de milieux (ombre, humidité, sol profond) favorisant des espèces assez développées, avec de larges feuilles, à floraison plus tardive du fait de la présence de la neige jusqu’au mois de mai.

Ce type de forêt mésophile et acidiphile, dominée par le pin à crochets et le rhododendron, forme une association phytosociologique dénommée le Rhododendro ferruginei-Pinetum uncinatae (Braun-Blanq. 1948), Rivas-Mart. 1968. Les espèces caractéristiques sont :

Rhododendron ferrugineux, L.
Rhododendron ferrugineum – Ericacées

Le rhododendron ferrugineux est une spèce typique des landes subalpines sur silice et des peuplement clair de Pins à crochets. Du grec rhodon : rose et dendron : arbre, littéralement «arbre à rose» ; ferugineum, du latin couleur de la rouille, par référence à la couleur de la face inférieur des feuilles.
c’est une plante mellifère mais toxique pour les Isard. Les feuilles séchées sont sudorifiques et diurétiques. Il est reconnaissable par ses fleurs roses analogues à celles de l’Azalée qui est de la même famille.

Le sorbier des oiseleurs a des fruits mangés par les oiseaux, d’où son nom. Crus et cuits, les fruits (sorbes) sont comestibles mais en petite quantité, car ils présentent une certaine toxicité en raison de la présence d’acide parasorbique (acide du sorbier). Espèce caractéristique de la zone à bouleaux et à sorbiers en limite supérieure de l’étage montagnard humide.

Le sorbier était considéré comme ayant des propriétés magiques dans les cultures notamment des anciens Slaves, Scandinaves et Celtes, et jouait un rôle dans leurs rites.

Sorbier des oiseleurs. Sorbus aucuparia, L. Rosacées
Bois joli. Daphne mezereum, L. Thyméléacées

Appelé bois-joli, à cause de ses fleurs rouges ou roses qui apparaissent en février, avant les feuilles, et exhalent une délicieuse odeur, cette plante semble avoir toutes les qualités. Pourtant il faut s’en méfier car c’est tout l’arbrisseau qui est très toxique : odeur, écorce, fleurs, baies,…, Les drupes rouges mûrissent entre juillet et septembre. Elles sont toxiques pour les mammifères mais sont mangées par de nombreux oiseaux qui permettent la dissémination des graines.

Du grec Daphne, nom de la nymphe, fille de Pénée, courtisée par Apollon, qui fut changée en laurier et de l’arabe mâzarium : toxique.

Le géranium forestier est une plante vivace, avec des tiges atteignant 70 cm. Les fleurs sont regroupées en corymbes violets, et les pétales alternent avec cinq nectaires. Il ne faut pas le confondre avec le géranium des prés , dont il diffère par l’orientation des pédicelles, dirigés vers le sol chez cette dernière espèce, une fois la corolle détachée.

La plupart des plantes nommées communément « géraniums » par les fleuristes n’appartiennent pas au genre Geranium (tel qu’actuellement délimité par les botanistes), mais au genre Pelargonium.

Géranium forestier, Géranium sylvaticum, L. Géraniacées
Prenanthe pourpre. Prenanthes purpurea, L. Astéracées

La prénanthe pourpre est une espèce proche des laitues. Elle pousse dans les forêts ombragés ou humides (bord de cours d’eau). Commune en moyenne montagne (jusqu’à 2 000 m). cette plante se repère de loin par sa grande taille et son port en touffes. La « fleur » penche vers le bas ce qui a suscité la construction du nom latin de genre Prenanthes à partir des racines prênès pour pencher et anthus pour fleur. Mais ce que l’on prend pour cinq pétales, ce sont autant de fleurs en languettes, comme celles bien connues du pissenlit.

La renoncule à feuilles d’aconit est la seule renoncule terrestre à fleurs de couleur blanche (les autres sont jaunes, contrairement aux 5 renoncules aquatiques qui, elles, ont toutes des fleurs blanches).

Les Huguenots chassés par Louis XIV l’ont emportée avec eux en Angleterre, où elle a eu un immense succès, on l’appela « petite servante de France » (french maid of France).

Plante toxique car la ranunculine peut se transformer en un irritant caustique, la proto-anémonine.

Renoncule à feuilles d’Aconit, Ranunculus aconitifolius, L. – Renonculacées
Dorine à feuilles opposées. Chrysosplenium oppositifolium, L. – Saxifragacées

Cette discrète petite plante aux inflorescences jaunâtre se trouve dans les zone de suintement d’eau le long du chemin. La dorine à feuilles opposées, ou cresson jaune, appartient à la famille des saxifragacées. Elle est en limite sud de son aire de distribution, entre 1450 et 2350 m d’altitude, dans les Pyrénées catalanes. Sa croissance est essentiellement végétative grâce à l’expansion de ses stolons filiformes qui contribuent à former des colonies isolées dispersées le long des lits des rivières. C’est une espèce protégée.