Les crêtes sommitales : la vie dans les anfractuosités

Cet habitat se rencontre à l’’horizon l’étage subalpin supérieur (au-dessus de 2000 m) jusqu’à l’étage alpin, occupant les fissures des parois calcaires compactes, qui peuvent êtretrès pentues, voire verticales, quelle que soit leur exposition. Les températures des parois les mieux exposées peuvent s’élever fortement à l’ensoleillement avec une amplitude journalière de plus de 45 degrés. La terre fine noirâtre remplissant les fissures et conservant l’humidité à un pH basique.

La végétation très ouverte (recouvrement inferieur à 10%) est dominée par des hémicryptophytes s’insinuant dans les fissures des parois. La flore, plus riche et diversifiée que sur les parois siliceuses est particulièrement adaptée aux conditions extrêmes de la vie rupicole. Elle est composée majoritairement de plantes naines, caractérisées par la lenteur de leur croissance.

Les espèces pionnières dans ce milieu infertile possèdent une très forte tolérance au stress (limitation de la disponibilité d’éléments physiologiques contraignants comme l’eau, la luminosité et les nutriments) face à des conditions environnementales extrêmes, elles ont  une croissance rapide, des graines de petite taille avec une grande dispersion. 

Ces plantes sont de formidables exemples d’adaptation à leur milieu, non seulement pour leur mode de nutrition, mais également pour leur résistance aux conditions de vie. Sur un rocher, les amplitudes thermiques peuvent être très importantes (été/hiver, jour/nuit), avec des chaleurs extrêmes et de fortes gelées, en tout cas sous nos latitudes. Dans certaines zones désertiques ou montagneuses (landes, falaises, éboulis…), elles doivent pouvoir également résister au vent et, en zone très exposées au soleil, aux rayonnements ultra-violets. Enfin, en l’absence de substrat capable de stocker l’eau, elles ont développé des stratégies de résistance à la déshydratation : feuilles ou tiges succulentes, coeur capable de mettre en réserve l’eau de pluie ou la rosée, feuilles duveteuses ou recouvertes d’une cuticule épaisse et cireuse limitant l’évaporation de l’eau…

Cette végétation des rochers et falaises calcaires des Pyrénées orientales est rattaché en phytosiciologie à l’association du Saxifragetum mediae avec les espèces suivantes comme plantes indicatrices :

Saxifrage media, Gouan – Saxifragacées

La saxifrage intermédiaire est une plante endémique des Pyrénées orientales caractéristique de cette association végétale. C’est une plante très bien adaptées aux conditions de vie dans les anfractuosités : feuilles épaisse en rosette pour stocker l’eau, tige et fleurs couvertes de poils pour réfléchir les rayons UV, fleurs roses vif en panicules pour attirer les insectes. Cette espèce est protégée.

Le galium des Pyrénées est une endémique vivace, couchée-redressée, de 2 à 5 cm formant des touffes très serrées, un peu rigides, luisantes-argentées, devenant jaunâtres par la dessiccation. Les tiges florifères sont  courtes (2-6 cm), grêles, à entrenoeuds très rapprochés ; les feuilles, densément imbriquées et appliquées, sont verticillées par six. Le nom de ce genre vient du grec « gala » (lait) car on attribuait à certaines espèces la propriété de faire cailler le lait, d’où également son nom vernaculaire de « Caille-lait » aujourd’hui inusité. En effet, de nombreuses expériences sur des espèces de ce genre n’ont pas permis d’arriver au résultat colporté depuis des siècles.

Valeriana apula, Pour., Valeriana globulariaefolia, Ramond – Caprifoliacées ex Valérianacées

La Valériane à feuille de Globulaire, une endémique pyrénéo-cantabrique, est une plante vivace à souche ligneuse émettant  plusieurs tiges au début de la végétation. Les feuilles sont ovales lancéolées et ressemblent à celles de la Globulaire. Cette plante assez rare est bien adaptée aux fissures dans lesquelles s’est accumulée un peu de terre de décalcification.

La Gypsophile rampante est une plante herbacée vivace à feuillage semi-persistant haute de 10 à 20 centimètres. Etablie sur une souche ligneuse, elle a un port prostré, en couvre-sol ou en coussin. Ses tiges pourvues de noeuds proéminents comme les autres caryophyllacées sont couchées puis redressées en tête. Elles portent de façon opposée des feuilles sessiles, linéaires, de couleur vert bleuté, au contour entier. Les panicules de fleurs blanches fleurissent de juin à septembre. Elle pousse en altitude dans les montagnes du sud de l’Europe.

Gypsophila repens, L. – Caryophyllacées
Globularia repens, Lamarck
Plantaginacées ex Globulariacées

La Globulaire naine une plante vivace, naine. Rameaux ligneux en espaliers étroitement imbriqués à la roche. Ses feuilles en spatules très petites, larges de 2-4 mm, sont disposées en rosettes. La tige florifère est très courte ne dépassant guère les feuilles. C’est une plante caractéristique des affleurements calcaires fissurés de l’étage collinéen jusqu’à l’étage alpin, des montagnes de l’Europe méridionale.

Les rochers calcaires des étages subalpins et alpins des Pyrénées orientales possèdent un cortège floristique dans lequel les plantes endémiques et celles d’origine méditerranéenne sont nombreuses. Ce sont des lieux de refuge pour de nombreuses plantes qui sont des reliques ayant résisté aux grandes glaciations grâce au microclimat favorable.