Le long du torrent des meners

La balade démarre en suivant un petit muret signalant un ancien enclos. Les propriétés privées était généralement clôturée par des murets de pierres sèches qu’il fallait régulièrement remonter. Ces enclos délimitaient des parcelles produisant du foin qui était ramené dans les bordes par des charrettes attelées à des mules. Au printemps et surtout en automne le bétail y était parqué avant et après leur séjour en altitude dans les zones communes. Ces enclos présentent encore malgré la déprise pastorale une végétation herbacée plus nitrophile (qui aime l’azote) avec des espèces caractéristiques des reposoirs à bestiaux : grande ortie, rhubarbe des moines, chénopode bon-henri.

Le sentier s’élève doucement en rive gauche du torrent des meners, c’est à dire à droite en montant (en géographie le coté des rives des cours d’eaux est déterminé par le sens du courant). Il n’y a pas de formation végétation caractérisant les bords du torrent. On progresse dans une rhodoraie clairsemée de pins crochets, avec une pelouse à fétuque eskia et fétuque rouge. Ce sont les conditions d’enneigement prolongé qui déterminent cette végétation.

Une cascade

On remarque qu’il n’y a pas de formation végétale à hautes herbes (mégaphorbiaies) le long du torrent. Il y a un continuum entre les pentes couvertes de landes à rhododendron vers les zones plus humides proche de l’eau. Le profil très encaissé ne permet pas l’accumulation du limon et de la matière organique nécessaire à la présence des plantes des mégaphorbiaies.

Les cours d’eau forment des corridors écologiques qui favorisent la distribution des espèces végétales et animales dite ripicoles (qui vivent au bord des cours d’eau, des sources). Le long du riu des meners, près de la cascade, la flore a une double provenance. Des espèces ascendantes viennent des zones de plus faible altitude : la Valériane officinale, l’Orchis tachetée, d’autres sont descendantes venant de l’étages alpin : L’alchémille des Alpes, la saxifrage étoilée.

On peu observer sur les bords du torrent : l’aconit tue-loup, l’ail ciboulette, l’alchémille des alpes, le cerfeuil des Alpes, l’épilobe à feuilles d’alsine, la gentiane jaune, la grande marguerite, la Grassette à grande fleurs, le jonc des Alpes, le laurier de saint Antoine, la parnassiens des marais, la pédiculaire des Pyrénées, la potentielle érigée, la primevère à feuilles entières, la saxifrage aquatique, le sélin à feuilles de cumin, …

Une fois la cascade passée on arrive à un replat où les eaux stagnent un peu plus. On y trouve une formation végétale originale avec la présence de quelques espèces assez rare en Andorre :

Narthécie des marais. Narthecium ossifragum, (L.) Huds. Narthéciacées ex. Liliacées

La Narthécie des marais est une plante moyenne (de 10 à 40 cm), à fleurs jaunes en épi, de forme étoilée qui deviennent rouge vif lors de la fructification.

Elle est appelée « brise-os » (d’où son nom d’espèce en latin), cela provient d’une croyance selon laquelle cette plante provoquait la fragilisation et la fracture des os des troupeaux qui la broutaient. En réalité, il est fort probable que ces fractures étaient causées par la pauvreté en éléments minéraux de ses habitats (tourbières, marais) si le bétail y pâturait exclusivement. Le nom de genre provient du grec narthex qui signifie « baguette », en référence à la rigidité de la tige.

On signale des cas de mortalité chez les bovins car les fleurs et les graines de cette plante ont des propriétés néphrotoxiques, c’est-à-dire qu’elles détruisent leurs reins.

Le trichophore cespiteux, du grec trikhos : cheveux et phoros : porter est ainsi nommé en référence à la finesse des brins surplombant ses inflorescences.  C’est une plante de 5 à 20 cm formant un garçon dense.. La tige est simple et grêle. Les feuilles sont très fines et souvent réduites à l’état d’une gaine sèche. La gaine de la feuille supérieure s’ouvre en biseau incliné. 3 à 6 fleurs sont groupées en un petit épillet solitaire ovoïde de 5-6 mm.

L’accumulation des anciennes tiges forme au cours des années des motte surélevées par rapport au sol, appelées touradons, qui prennent des teintes jaune-orangé en automne. Il est de la même famille que le papyrus.

Scirpe cespiteux. Trichophorum cespitosum, (L.) Hartm. – Cypéracées
Tofieldie à calicule. Tofieldia caliculata, (L.) Wahlenb. Tofiediacées ex Liliacées

La Tofieldie à calicule est une discrète plante vivace de 8-30 cm, gazonnante à feuilles nombreuses, assez allongées, lisses, d’un vert pâle. Les fleurs sont jaunâtres ou verdâtres, en grappe oblongue.

Sa présence traduit un suintement d’eau contenant des ions carbonatés dans les bas marais des montagnes européennes.

Le nom de genre est un hommage au botaniste et ingénieur hydraulicien anglais Thomas Tofield (1730-1779).

Plante inscrite sur la liste rouge des espèces menacées en France.

Le liondent de Dubois est une espèce de scorsonère des Pyrénées proche de S. pyrenaica mais croissant en milieux plus humides (bas-marais) et à ligules teintées de rougeâtre au revers.

Le nom Scorsonère, du genre féminin, est emprunté à l’italien scorzonera (scorza signifie écorce et nera noire), qui a donné aussi le castillan escorzonera. Dans les deux cas, le sens est le même : une espèce était censée soigner la morsure d’une vipère appelée scorzone en italien, et escorçó en catalan.

La plupart des salsifis que l’on trouve dans le commerce sont en fait des scorsonères.

Liondent de Dubois. Scorzoneroides duboisii, (Sennen) Greuter – Astéracées

Le droséra à feuilles ronde affectionne les tourbières acides à sphaignes. Du grec droserós, « couvert de rosée »,, ou rossolis (du latin ros solis, « rosée du soleil » sont de petites plantes insectivores, les bords des feuilles sont couverts de poils glandulaires enduits d’un mucilage collant. Cette sécrétion attire les petits insectes et permet de les capturer. Les feuilles fraîches auraient des propriétés antitussives.

C’est une plante rare strictement protégée.

Droséra à feuilles rondes. Drosera rotundifolia, L. Droséracées.
Laiche étoilée. Carex echinata, Murray – Cypéracées

La laiche étoilée a une tige solide et striée qui peut dépasser 1 m de hauteur, et quelques feuilles filantes vers la base. Les inflorescences sont des épillets en forme d’étoile et font de 3 à 15 mm de large. La plupart des Carex de nos régions possèdent une tige trigone et non cylindrique.

C’est une plante hygrophile, héliophile faiblement acidiphile qui pousse dans les marais et les tourbières d’altitude.