Les rives des lacs de Juclar

On découvre soudainement le magnifique paysage en passant la dernière bosse. L’environnement est maintenant beaucoup plus minéral la végétation est plus base, protégée des rigueurs hivernales par la neige qui s’accumule entre les rochers.

Vous pouvez faire une halte au refuge gardé pendant la belle saison.

Séneçon des Pyrénées ou Séneçon de Tournefort. Senecio pyrenaicus, L. – Astéracées

Une touffe de fleur jaune de séneçon des Pyrénées vous accueille au bord du barrage. Cette plante ne doit pas être confondue avec l’arnica. Les séneçons possèdent des fruits qui sont surmontés d’une aigrette de soies blanches comme les cheveux des personnes très âgées, c’est pourquoi le mot latin senecio qui signifie vieillard a été choisi pour désigner le genre de ces fleurs. Dans les Pyrénées cette plante est présente dans les éboulis, les pelouses, les landes rocailleuses, et les forêts de Pins à crochets, depuis l’étage montagnard (800m à 1700m, versant nord, 1000m à 1900m, versant sud) jusqu’à l’étage alpin (2200m à 2800m, versant nord, 2400m à 3000m, versant sud). Elle est présente sur l’ensemble de la chaîne, mais peu commune sur l’ensemble du versant nord.

Anémone des alpes. Pulsatilla alpina ssp. sulphurea , Ascherson et Graebner – Renonculacées
Fruits dont des akènes plumeux sont dispersés par le vent

L’anémone des Alpes ou Pulsatille des Alpes fleuri au printemps. Elle se reconnait ensuite grâce à ses fruits aux arrêtes plumeuses et soyeuses qui s’agitent dans le vent. Cette espèce comprend deux sous-espèces. L’unes à fleurs blanches que l’on rencontre sur les terrains carbonatés et l’autre présente ici à fleurs jaunes caractéristique des sols siliceux qui est endémique des Pyrénées orientales. Comme la plupart des renoncules cette plante est toxique.

Cotonéaster des Pyrénées. Cotoneaster pyrenaicus, Gand. -cRosacées

Sur le bord du barrage on peut voir un petit arbrisseaux dont les fruits ressemblent à des petits coings jaunâtres d’ou son nom de genre en latin. Les branches du cotonéaster des Pyrénées sont plaquées sur les rochers pour bénéficier de la chaleur emmagasinée pendant la journées.

Gentiane de Koch. Gentiana kochiana, Perrier et Songeon – Gentianacées

La gentiane de Koch se trouve jusqu’à 2500 m sur les sols acides. Elle présente un appareil aérien peu développé avec des feuilles plaquées au sol pour exposer le moins possible de surface à l’air glacé présent en altitude et au vent. Une autre caractéristique est la présence d’un bourgeon terminal souterrain contenant les glucides nécessaires à sa survie. Ce mode de fonctionnement lui permet de protéger du climat ses parties les plus sensibles. La couleur des fleurs bleu foncé limite l’impact des ultraviolets qui sont plus forts en altitude. La gentiane de Koch comme toutes les gentianes acaules possède des anthocyanes, qui sont des pigments qui absorbent ces rayons.

Les gentianes dites acaules (Gentiana alpina, Gentiana acaulis, Gentiana pyrenaica) sont difficiles à déterminer car elles se ressemblent beaucoup. Elles se déterminent le plus souvent par les types de milieux où on les rencontre.

Le rosier des Alpes se reconnait à la quasi absence d’épines, à ses fleurs solitaires rose vif et à ses fruits pendants. C’est une plante qui a une très grande amplitude d’adaptation, ce qui fait qu’elle est très utilisée comme porte greffe des variétés ornementales. Son espérance de vie est impressionnante : plus de 300 ans ! Cette plante a développé une résistance exceptionnelle à son environnement. Exposée à un fort rayonnement solaire, elle peut protéger son ADN grâce à la cuticule épaisse de ses feuilles.

Rosier des Alpes. Rosa pendulina, L. – Rosacées
Homogyne des Alpes. Homogyna alpina, (L.) Cass. – Astéracées

L’ homogyne des Alpes est une plante de 10 à 30 cm de haut pourvue de feuilles basales arrondies et luisantes d’un diamètre variant de 2 à 4 cm, dentées, vert sombre, glabres au-dessus et souvent de couleur pourpre en-dessous. Les pétioles des feuilles et la hampe sont velus, d’aspect laineux. Le capitule est de couleur rougeâtre, peu étalé (1 à 1,5 cm de diamètre). La floraison a lieu entre mai et août.

Homogyne, du grec « omos », semblable, « guné », femme : fleurs femelles toutes semblables.

C’est une plante inféodée aux massifs montagneux, au-dessus de 1 500 m, elle est d’origine du centre de l’Europe et s’est réfugiée dans les montagnes après les glaciations.

La benoite des Pyrénées se reconnait à ses belles fleurs jaunes, solitaires, inclinées et à ses feuilles dont le segment terminal est très grand.

C’est une espèce endémique des Pyrénées et des monts cantabriques que l’on trouve abritée entre les rochers.

Au Moyen Âge, elle était appelée « herba benedicta » : herbe bénite , en référence aux propriétés médicinales qu’on lui attribuait, puis par assimilation on l’a appelé herbe de saint Benoît, saint à l’origine de l’ordre des Bénédictins.

Benoite des Pyrénées. Geum pyrenaicum, Mill. – Rosacées
Allosore crépu ou cryptogramme crispé. Cryptogramma crispa, (L.), Brown – Ptéridacées ex Crytogrammacées.

L’allosore crépu ou cryptogramme est une fougère typique des éboulis et rochers (gneiss et schistes) de l’étage alpin. Cette plante vivace de 10 à 40 cm de haut à de type de frondes. Les fertiles plus longues ont des lobes écartés entiers, les stériles vert clair ressemblent de loin à du persil.

Les spores sont cachées à l’intérieur des lobes d’où le nom de crytogramme.

Le rhododendron ferrugineux est un arbuste sempervirent à longue durée de vie (pouvant atteindre 300 ans au moins), qui domine et structure les landes à éricacées sur les versants nord à nord-ouest de 1 400 m-2 400 m. Il est ici en limite altitudinale.

Sa floraison spectaculaire (en moyenne 300 inflorescences de 5 à 22 fleurs/m2) et sa croissance débutent simultanément environ 15 jours après la fonte des neiges et se déroulent sur à peine plus d’un mois lorsque les conditions climatiques lui sont favorables (entre fin mai et début août selon les altitudes).

Rhododendron ferrugineux. Rhododendron ferrugineum, L. – Ericacées

Les plantes poussant sur les rochers sont condamnées à trouver leur nourriture dans le peu de terre accumulée dans les fentes. D’une façon générale, les rochers constituent un milieu très hostile pour les végétaux (écarts de températures très grands, vents forts…) et les plantes qui y poussent sont obligées de s’adapter pour survivre : elles peuvent ainsi développer des racines fortes et longues pour mieux résister au vent et aller chercher la plus petite parcelle d’humidité ou encore avoir des feuilles coriaces ou cireuses pour freiner la transpiration.

Azalée des Alpes. Kalmia procumbens, (L.) Gift, Kron & P.F.Stevens ex Galasso, Banfi & F.Conti – Ericacées

L’azalée des Alpes pousse sur les rochers et pelouses des hautes montagnes siliceuses, dans les landes et la toundra arctique et alpine. Cette plante a changé plusieurs fois de nom de genre, Linné la décrit comme Azalea, puis elle est rattachée au genre Loiseleuria et maintenant elle est déplacée dans le genre Kalmia.

Elle présente toute les adaptations aux conditions de vie en très haute montagne : plante prostrée sur les rochers où la neige fond le plus rapidement, en cousiné pour créer un microclimat, petites feuilles charnues et coriaces pour conserver l’eau, fleurs roses dépassant les feuilles pour attirer les insectes et surtout croissance très très lente (quelques millimètres par an).

Je vous laisse calculer l’âge du pied photographié !

Après avoir herboriser en prospectant entre les rochers vous pouvez accéder au deuxième lac et monter au col de Juclar. Entre les deux lacs un passage délicat franchi une barre rocheuse surplombant le lac, une main courante assure une relative sécurité. A éviter en période eneigée.