Après avoir longé la lande à genêt purgatif touffue, peu pénétrable en situation très sèche le sentier s’élève ensuite assez fortement à travers de gros blocs de pierre qui constituent par endroit quelques marches qu’il faut franchir avec prudence à la descente.
La végétation change, les hautes herbes dominent. Ces mégaphorbiaies sont des végétations luxuriantes à hautes herbe (dépassant souvent 150 cm de hauteur) denses et fermées, qui se développent le long des cours d’eau et dans les replis topographiques humides.
Elles se composent d’espèces à grandes surfaces foliaires structurant la physionomie de ces communautés, telles le molosperme du Péloponnèse, l’adénostyles à feuilles d’alliance, l’impératore ostruthium.
Cette très grande plante vivace est reconnaissable à ses grandes feuilles finement découpées et à son inflorescence d’ombellifère portant des fleurs jaunâtres. Le monosperme du Péloponnèse pousse dans les zones rocailleuses de l’étage subalpin.
Le nom du genre Moloposperme signifie en grec « graine meurtrie », en référence aux sillons qui marquent les fruits dans toute leur longueur. Le qualificatif de peloponnesiacum signifie du Péloponnèse a été attribué par erreur par Linné qui en croyait la plante originaire.
Les jeunes pousses sont comestibles. Dans les Pyrénées-Orientales, la tradition de consommer du couscouil remonte à plusieurs siècles. Très populaire, sa présence est signalée sur les marchés de Perpignan en 1808.
L’impératoire est une plante d’altitude qui croît entre 1 400 m et 2 800 m dans les montagnes du centre et du sud de l’Europe, dans les rocailles au bord des ruisseaux. Elle est reconnaissables à ses grandes feuilles palmées et ses grandes ombelles de petites fleurs blanches.
Imperatoria vient du latin imperator, empereur, du fait de ses vertus médicinales hautement estimée et réservée aux empereurs et rois. Ostruthium est incertain ; il pourrait venir du grec Strouthion, autruche ? L’impératoire possède des propriétés vétérinaires. On en faisait autrefois des tisanes destinées à mettre les vaches en chaleur. Dans plusieurs régions des Alpes, sa racine est distillée pour en tirer une eau-de-vie.
L’Adénostyle à feuilles d’alliaire est une espèce de demi-ombre. Elle affectionne les sols riches en éléments nutritifs, à bonne réserve en eau ainsi que les atmosphères humides.
Ses capitules comptent de 3 à 6 fleurs roses formant généralement une très grosse inflorescence. Ses feuilles sont assez grandes et blanches sur le dessous. .
Adenostyles provient du grec Aden : glande et Stulos : style ; ce genre regroupe donc des plantes au style glanduleux. Les termes à feuilles d’alliaire font référence à la ressemblance des feuilles avec celles de l’Alliaire officinale.
L’adénostyle est l’espèce caractéristique de l’association phytosociologique : l’Adénostylion alliare. D’une grande richesse floristiques, cet habitat caractérise les mégaphorbiaies pyrinéo-ibérique. Il héberge des taxons endémiques spécialisés aussi bien végétaux qu’animaux.
Une fois le raidillon passé nous arrivons à une passerelle en bois qui enjambe le torrent.
Le débit d’eau peut varier fortement suivant l’intensité des précipitations et quand le barrage du lac est plein.
Le sceau de Salomon verticillé atteint 30 à 80 cm ; ses feuilles sont linéaires, verticillées par 3 jusqu’à 8. Ses petites fleurs de 3 à 8 mm qui ressemblant à celles du muguet sont inclinées vers le bas. Elles sont disposées à l’aisselle des verticilles. Elles s’épanouissent en juin et juillet. Les baies sont rouge violacé à maturité.
Son nom provient de la forme de la cicatrice laissée par la tige aérienne fanée sur le rhizome qui laisse une marque mimant un sceau en particulier celui de Salomon.
Le sceau de Salomon fut utilisé pour soigner les hématomes et les problèmes respiratoires.
Cette espèce, assez rare, se rencontre dans les montagnes jusqu’à 2 400 m, elle est inscrite sur la liste rouge des espèces menacées.
Une des plantes les plus remarquables est le lys des Pyrénées, espèce endémique du massif des Pyrénées avec quelques station dans la montagne noire.
Les grappes lâches de grandes fleurs jaunes, ponctuées de brun, pendantes au sommet de la tige, sont caractéristiques.
Dans cette formation végétale on trouve ce lys dans les endroits ou de l’humus et de la terre se sont accumulés pour former un sol assez profond pour que le bulbe puisse se développer.
Comme pour le lys de saint Bruno, ne pas cueillir car il ne repoussera pas !
Dans les zones de suintement ou de ruissellement entre les blocs on trouve des espèces plus hygrophiles (qui aiment les sols riche en eau) . Ces plantes sont dites fontinales et caractérisent l’association végétale du Saxifragion stellaris.
Des familles de végétaux sont particulièrement représentées : Orchidées (Orchis tacheté, l’Orchis sureau, la Gymnadénie), Rosacées (Benoite des Pyrénées, les Alchémilles), les Saxifrages qui comprennent de nombreuses espèces endémiques des Pyrénées.orientales.
La saxifrage étoilée est une plante vivace, qui se propage par des rejets terminés par des rosettes de feuilles arrondies, vertes sur les deux faces, en spatules, dépourvues de bordures membraneuses.
Les fleurs ont des pétales égaux, blancs, étroits, ponctués de jaune avec des étamines à anthères orangé sont plus courtes que les pétales.
Elle aurait des propriétés désinfectantes contre les rhumes et la grippe, sans doute liée à sa haute teneur en vitamine C.
Comme toujours les effets des plantes sont rarement étayés par des publications scientifiques.
La ficaire fausse renoncule, ou grenouillette, est une espèce vivace reconnaissables grâce à ses feuilles luisantes, en coeur, à long pétiole et à ses fleurs solitaires, jaunes vif. Elle fleurit de février à mai, et se trouve jusqu’à 2 000 m.
Du latin ficarius (« de figue ») ainsi dite parce que les racines de cette plante sont composées de fibres tubéreuses qu’on a comparées à de petites figues !.
La ficaire contient des hétérosides aux propriétés vasoconstrictrices, ce qui lui confère des vertus antihémorroïdales, d’où son nom vernaculaire d’herbe aux hémorroïdes.
C’est une plante bioindicatrice, indiquant un engorgement du sol en eau avec une matière organique d’origine principalement végétale qui se décompose mal.
Après avoir franchi la passerelles en bois et monté quelques lacets le long du torrent (attention aux plaques de neige en fin d’hiver) on arrive sur le bord d’une petite mare qui offre un point de vu magnifique. Dans cette zone la végétation est moins haute, les pins à crochets et les fourrés de rhododendrons dominent une strate herbacées où les plantes à bulbes (géophytes) fleurissent au fil des saisons.
L’orchis sureau à des feuilles vert clair, non tachetées, avec une nervure axiale marquée. Les fleurs sont pourpres à gorge orangée ou jaunes (les deux variantes cohabitent très souvent) à légère odeur de sureau, d’où son nom vernaculaire.
Ces deux couleurs indiquent la diversité génétique visible de cette espèce. En effet la diversité des individus repose sur la variabilité de leur ADN. Différents allèles d’un même gène coexistent dans une même population, ils sont issus de mutations qui se sont produites au cours des générations.
Cela permet de tromper les pollinisateurs : ceux ci vont considérés les fleurs de couleurs différentes comme des espèces différentes. On peut donc ici parler de relation parasitaire : la plante obtient un bénéfice : la pollinisation, alors que le pollinisateur subit un coût : l’énergie dépensée pour aller vers la fleur sans aucune récompense de nectar.